« Les Sud-Coréens » est un livre de Frédéric Ojardias, paru aux Éditions des Ateliers Henry Dougier. Il s’inscrit dans la collection « Lignes de vie d’un peuple », qui souhaite nous faire découvrir un pays par le biais de ses habitants. En effet, l’auteur nous emmène à la rencontre de 22 personnes, qui à travers leurs témoignages, nous dévoilent de manière intime qui sont les Sud-Coréens et leur société.
Informations Pratiques
Titre : Les Sud-Coréens – Collection Lignes de Vie d’un Peuple
Auteur : Frédéric Ojardias
Éditeur : Ateliers Henry Dougier
Nombre de pages : 144 pages
Date de parution : 02 Novembre 2017
Prix : 14€
Où l’acheter ? Site des Ateliers Henry Dougier
A propos de l’auteur
Frédéric Ojardias a vécu de nombreuses années en Corée du Sud. Depuis 2004. Il était le correspondant de Radio France Internationale, du site Médiapart et du journal La Croix à Séoul. En 2020, le journaliste quitte la Corée de Sud pour travailler dans une ONG à Genève.
Cet ouvrage est composé de 5 grands chapitres :
Être Coréen, l’identité en mouvement
Le livre nous fait découvrir un peuple qui malgré son passé douloureux garde un optimisme et une endurance sans faille.
L’auteur commence par évoquer la société actuelle à travers sa capitale Séoul et ses « nouveaux coréens ». Il mentionne aussi le fossé qui se creuse entre la Corée du Sud et du Nord.
Lorsque l’on parle de la Corée du Sud, on a souvent cette image d’un pays avec une ethnie homogène. Toutefois, on constate dans ce livre avec la rencontre d’une députée naturalisée coréenne et d’une réfugiée nord-coréenne, que c’est assez réducteur comme définition. Aujourd’hui, il y existe plusieurs façons d’être Sud-Coréens.
À travers ses différents témoignages, on constate toutefois que du temps sera nécessaire pour que la société accepte ces nouveaux habitants.
L’ouvrage commence donc par évoquer des points très importants pour comprendre l’avenir et les enjeux de la société sud-coréenne.
La modernité et le vertige des vies ultraconnectées
Le livre « Les Sud-Coréens, nous explique comment la Corée du Sud est devenue en très peu de temps une puissance mondiale et toutes les conséquences de ce développement au sein de sa population.
En effet, on découvre les sacrifices des familles coréennes pour relever leur pays et le succès des entreprises avec l’aide du président Park Chung-Hee, qui ont mené à cette réussite.
Aujourd’hui, ces entreprises entreprises sont devenues aujourd’hui des chaebols.
Comme l’évoque Pierre Joo dans le livre, aujourd’hui « les Coréens entretiennent une relation d’amour-haine avec ces grands groupes ».
L’auteur, nous présente des jeunes qui sont moins attirés par ces conglomérats et par leur modèle d’entreprise. Ils sont de plus en plus nombreux à s’essayer à la création de start-up comme Kim Bo-Sun qui témoigne dans le livre.
La Corée du Sud est l’un des pays les plus connectés au monde. En conséquence de nouveaux métiers se sont créés comme les « pro gamers » ou encore les « mangeurs du net ». Toutefois, ce fort intérêt pour les nouvelles technologies a développé de nouvelles addictions et la société sud-coréenne devient de plus en plus seule.
La Corée au prix des Coréens
Ce développement rapide de l’économie sud-coréenne n’a pas été sans conséquence. Toute la société en a été bouleversée et des liens sociaux ont été brisés. La Corée du Sud affiche un taux de suicide très élevé. Les personnes âgées sont particulièrement touchées, car elles se retrouvent très souvent isolées et ont du mal à trouver leur place dans cette nouvelle société.
A travers plusieurs portraits émouvants, l’auteur nous révèle aussi plusieurs drames récents dont la Corée du Sud a dû faire face. L’auteur s’est, entre autres, entretenu avec le père de l’une des victimes du naufrage du ferry Sewol. Cet événement tragique a découlé sur un scandale avec la présidente Park Geun-Hye, fille du dictateur Park Chung-Hee.
Le naufrage du ferry Sewol a été une véritable prise de conscience pour les Coréens. Ils ont été plus d’un million à manifester avec des bougies à Gwanghwamun : la présidente a été destituée et mise en prison.
Spiritualités coréennes, le grand brassage religieux
L’auteur dans ce chapitre aborde un autre point très important pour comprendre les Sud-Coréens : la spiritualité.
En Corée du Sud, le bouddhisme, le protestantisme, le catholicisme et le chamanisme cohabitent ensemble et s’entremêlent. Il n’est pas rare par exemple qu’un protestant organise des cérémonies chamaniques !
Toutefois, l’auteur creuse un peu plus à travers ses témoignages et évoque l’influence politique des pasteurs évangéliques dans la société coréenne, ainsi que des scandales et de la corruption au sein de ses religions.
On découvre le portrait de la sœur Han Yeo-Rim, qui s’est notamment engagée auprès des personnes âgées et plus récemment chez les jeunes. Elle se montre critique sur la culture de l’argent et de l’apparence omniprésente en Corée du Sud, ainsi que sur la mentalité paternaliste de certains prêtres.
Le bouillonnement artistique, support du nouveau « soft power » coréen
Du musicien qui a vécu la répression de la culture lorsque le dictateur Park Chung-Hee était au pouvoir, en passant par une cinéaste qui doit faire face à l’influence des chaebols dans le cinéma et survivre dans un milieu très masculin, on découvre des parcours atypiques et des portraits très attachants dans ce dernier chapitre. L’auteur rend hommage à tous ces artistes.
Mon avis sur les Sud-Coréens de Frédéric Ojardias
Quoi de mieux que de laisser la parole à ses habitants pour parler des Sud-Coréens ? Ces 22 personnes que Frédéric Ojardias a rencontrées, se livrent sur leur propre expérience de vie et expriment leur ressenti et analyse de la société sud-coréenne actuelle. On découvre des histoires à la fois passionnantes, mais aussi très touchantes.
Lors de la lecture du livre « Les Sud-Coréens » de Frédéric Ojardias, on ressent sa grande connaissance de la Corée, ainsi que son attachement envers ce pays.
Le livre est très bien organisé avec ces 5 grands chapitres. La lecture est claire et agréable grâce à ces passages à la fois dotés de récits et d’interviews.
C’est un ouvrage que je recommande fortement pour les personnes qui veulent mieux comprendre la Corée du Sud. Il lève le voile sur plusieurs questions que l’on peut se poser sur cette société et nous pousse également à la réflexion.
Il convient aussi bien aux personnes qui n’ont jamais voyagé en Corée du Sud, qu’aux personnes ayant déjà posé leur valise dans ce pays. Enfin, malgré sa sortie en 2017, il reste toujours d’actualité !
Disclaimer : Les Ateliers Henry Dougier m’ont gentiment contactée pour me faire découvrir ce livre, mais je possédais déjà un exemplaire ! Toutes les opinions exprimées dans l’article sont 100% miennes.
